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AU XVIIIe SIECLE

CHAPITRE I

LE PERSONNEL

Table des matières
Le personnel de l'artillerie pendant les dernières années du règne de Louis XIV
Personnel de l'artillerie, de Vallière à Gribeauval (1720-1765)
Le personnel de l’artillerie, de Gribeauval à la Révolution
Etat du personnel de l’artillerie en 1789
Chapitre II : Le matériel - Chapitre III : Emploi de l’artillerie sur les champs de bataille

§ 1 - Le personnel de l'artillerie pendant les dernières années du règne de Louis XIV

Avant 1668, l'artillerie ne possédait comme personnel permanent que les cadres qui comprenaient : le grand-maître et son lieutenant-général, représentant le commandement ; le contrôleur général et ses onze commis-directeurs, représentant l'administration ; le garde général et. ses onze commis, spécialement chargés de l'emmagasinement et de l'entretien du matériel ; vingt-quatre commissaires ordinaires, véritables officiers supérieurs de l'arme, et deux cents canonniers ou bombardiers appointés dont les fonctions étaient celles de chefs de pièces ou de batteries et qui étaient répartis dans les places fortes du roi.

Au début d'une campagne, le grand-maître de l'artillerie donnait, à ses canonniers et à ses officiers appointés, des commissions pour lever des soldats de complément, canonniers et pionniers, présentant les capacités et les garanties requises, et en nombre suffisant pour assurer le service de tous les canons disponibles. Ce nombre était calculé suivant les calibres, entre cinq canonniers et trente pionniers pour les plus grosses pièces, et deux canonniers et deux pionniers pour les plus petites. A la paix, tout le personnel extraordinaire était licencié.

Le rôle des canonniers et pionniers était limité au service des pièces, à l'exclusion du combat corps à corps. La garde du matériel d'artillerie au camp et à la bataille était confiée à des troupes spéciales, en général Suisses ou lansquenets. Dans les sièges, les travaux de sape pour la protection des batteries étaient exécutés par des troupes d'infanterie.

Première formation permanente (1668). - A la fin de 1668, après que l'année royale eut remporté ses grands succès sur les places de Flandre et pris Besançon, Louis XIV, au lieu de renvoyer ses canonniers et bombardiers appointés dans leurs garnisons et de licencier le personnel extraordinaire de l'artillerie, les retint sur pied et en forma six compagnies permanentes, quatre de canonniers et deux de bombardiers.

Cette première formation, insuffisamment préparée, fut éphémère, mais elle marque une étape vers l'organisation nouvelle qu'avaient réclamée Louvois, Colbert et Vauban, et qui allait amener la création du Corps-Royal d'artillerie.

Création du régiment des fusiliers du roi. - En 1671, fut créé le régiment des fusiliers du roi, qui avait pour objet la garde et le service de l'artillerie. Son nom venait de son armement alors tout nouveau, qui consistait en fusils (au lieu de mousquets), auxquels Vauban ajouta bientôt la baïonnette.

Son effectif initial était de quatre compagnies de 100 hommes chacune : 1 compagnie de canonniers, 1 compagnie de sapeurs et 2 compagnies d'ouvriers en bois et en fer. Les officiers et les cadres provenaient des régiments d'infanterie du roi. Au moment de la campagne contre la Hollande (août 1671), ce nouveau régiment, augmenté de vingt-deux compagnies, fut divisé en deux bataillons, comprenant chacun douze compagnies de fusiliers et une de grenadiers, tous bons tireurs et aptes aux services accessoires de l'artillerie.

Les fusiliers du roi se rendirent si utiles pendant toute cette guerre, soit isolément, soit comme soutiens d'artillerie, soit même comme canonniers, qu'en 1667, on augmenta leur effectif de quatre nouveaux bataillons de quinze compagnies chacun.

A la paix de Nimègue, en 1678, le sixième bataillon fut réformé en même temps que les effectifs extraordinaires de l'artillerie. Mais par contre le roi décida d'instituer, dans son régiment de fusiliers, six compagnies de canonniers, pouvant dans les occasions pressantes suppléer aux canonniers de profession.

Création du régiment des bombardiers. - En 1676, deux compagnies permanentes de bombardiers, distinctes du régiment des fusiliers, avaient été créées par Louvois pour le service spécial des bombardes et pièces de siège. En 1684, le roi leur adjoignit dix nouvelles compagnies, tirées à la fois du régiment des fusiliers du roi et de quatre des vieux régiments d'infanterie royale. Ainsi fut créé le régiment royal des bombardiers, porté en 1686 à l'effectif de quatorze compagnies, puis réduit à treize. Ses compagnies étaient en temps de paix affectées à la garnison des places frontières.

Création des mineurs. - La première compagnie de mineurs fut créée en 1679 à l'effectif de 8o hommes. Le roi en forma une seconde en 1695 et deux nouvelles en 1706, toutes rattachées à l'artillerie et commandées par des officiers de cette arme.

Formation du régiment Royal-Artillerie (1693). - Six nouvelles compagnies de canonniers furent créées en 1689, au régiment des fusiliers du roi, et jointes aux six anciennes créées en 1679. Les soldats furent fournis par les vieux corps d'infanterie, les officiers par le régiment des fusiliers du roi. A partir de cette époque les compagnies de canonniers furent regardées comme détachées du régiment des fusiliers.

En 1691, tous les bataillons de l'infanterie ayant été mis à treize compagnies, ceux des régiments des fusiliers du roi furent réorganisés à 55 hommes et l'excédent permit de rétablir le sixième bataillon supprimé en 1679. Les compagnies d'ouvriers étaient réparties de la façon suivante : deux dans le premier bataillon, une dans le deuxième et une dans le troisième. Le nombre des soldats entretenus à cette époque pour le service de l'artillerie était de 6480.

En 1693, enfin, le régiment des fusiliers du roi prit le nom de régiment Royal-Artillerie. En 1695, les douze compagnies de canonniers détachées y furent incorporées, et les six compagnies de grenadiers devinrent compagnies de canonniers.

Ainsi les troupes de l'artillerie se différenciaient définitivement de celles de l'infanterie, dont elles avaient fait partie jusqu'alors. En raison de leur destination spéciale, on leur donnait également un recrutement particulier. Il fut interdit d'y engager désormais d'autres hommes que des ouvriers d'état.

En 1698, à la paix de Ryswick, le régiment Royal-Artillerie fut réduit à quatre bataillons, et ce n'est qu'en 1706 qu'on le renforça d'un cinquième bataillon. Dans les guerres de la succession d'Espagne, chacun des bataillons de Royal-Artillerie, répartis entre les différentes armées du roi, eut sa part de gloire qui est devenue l'héritage des régiments d'artillerie sortant plus tard de chacun d'eux.

En 1706, une compagnie franche de canonniers fut. levée pour la défense des côtes de l'Océan.

En 1705, le régiment royal des bombardiers fut doublé et se composa dès lors de deux bataillons, chacun de treize compagnies de 50 hommes.

En 1703 furent créés deux directeurs généraux de l'artillerie.

Enfin, à cette époque, commence à paraître, comme nous le verrons à propos de l'organisation du matériel, la brigade, réunissant les canonniers d'un certain nombre de pièces de même calibre ou de même nature (canons ou mortiers), formation de manoeuvre et de campagne correspondant à la batterie d'aujourd'hui, mais nullement unité administrative.

Situation du Corps-Royal en 1720. -A cette époque, le Corps de l'artillerie était composé du grand-maître (le duc de Maine dernier titulaire : 1710-1755), de 60 lieutenants du grand-maître (rang d'officiers généraux ou supérieurs), de 60 commissaires provinciaux (rang de capitaines en premier), de 60 commissaires extraordinaires et capitaines de charrois et de 80 canonniers ou bombardiers brevetés et officiers-pointeurs (rang de lieutenants) attachés aux places, aux manufactures ou aux écoles d'artillerie.

C'était un corps d'officiers sans troupe, plus instruits en général que la moyenne des officiers de troupe. Ils s'étaient rendus si utiles à tous les besoins particuliers du service de l'arme que Vauban avait obtenu pour eux (1693) des grades réels, au lieu de l'ancienne assimilation, et la faculté de devenir officiers généraux d'infanterie.

Les effectifs de l'artillerie comprenaient en 1710 :

Corps-Royal de l'artillerie
Régiment Royal-Artillerie
Régiment royal de bombardiers
Compagnies de mineurs
Canonniers des côtes

‘’ soldats
3 790 soldats
1 300 soldats
340 soldats
    200 soldats
5 630 soldats

321 officiers
270 officiers
80 officiers
20 officiers
    6 officiers
697 officiers

Réduction du personnel. - Le 30 août 1715, deux ordonnances du roi supprimaient le cinquième bataillon du régiment Royal-Artillerie et le deuxième bataillon du régiment de bombardiers. Une compagnie de mineurs était licenciée la même année.

En 1716, les deux directeurs généraux de l'artillerie étaient supprimés, et, le 4 février de la même année, les quatre bataillons du régiment Royal-Artillerie étaient réduits à huit compagnies chacun au lieu de quinze (1 d'ouvriers, 3 de canonniers et 4 compagnies ordinaires). L'effectif des compagnies était de 40 hommes. Le 8 février, le régiment de bombardiers était réduit à neuf compagnies également, de 40 hommes chacune.

Les troupes de l'artillerie en 1720 ne dépassaient pas 2000 hommes, y compris quelques compagnies spéciales maintenues après la paix de 1714

Grand-Maître de l'artillerie. - Le service de l'artillerie était centralisé entre les mains du « grand-maître ». Celui-ci possédait l'autonomie la plus complète et dirigeait même une justice royale établie à l'arsenal, à Paris, qui sous le nom de bailliage de l'artillerie était appelée à connaître, pour toute la France, de toute matière civile ou criminelle concernant l'artillerie.

L'organisation du personnel, la constitution du matériel et l'ordonnancement des payements de toutes sortes relatifs à l'artillerie étaient faits, sous la direction du grand-maître, par trois offices de trésorerie générale de l'artillerie sur lesquels s'exerçait le contrôle du contrôleur général des recettes des trésoriers généraux de l'artillerie. Ses fonctions furent précisées par une déclaration du roi du 21 juillet 1716. Les trois offices de trésoriers généraux de l'artillerie furent réunis en un seul en 1717.

Officiers du Corps-Royal et du régiment Royal-Artillerie. - Il y avait en 1720 séparation complète entre les officiers du Corps-Royal et ceux du régiment Royal-Artillerie. Ces derniers n'étaient pas chargés de la manoeuvre du matériel et, pour le combat, abandonnaient le commandement de leurs unités aux officiers du Corps-Royal.

Cette situation donnait lieu à de nombreuses difficultés. Une ordonnance de 1695 avait bien imposé aux officiers du régiment l'obligation de se pourvoir d'une commission du grand-maître, ce qui était un premier pas vers l'unification, mais de nombreuses rivalités avaient continué à se produire. Cette situation et les difficultés d'avancement des officiers des compagnies spéciales rendaient urgente une refonte de cette organisation.

Table des matières
Le personnel de l'artillerie pendant les dernières années du règne de Louis XIV
Personnel de l'artillerie, de Vallière à Gribeauval (1720-1765)
Le personnel de l’artillerie, de Gribeauval à la Révolution
Etat du personnel de l’artillerie en 1789
Chapitre II : Le matériel - Chapitre III : Emploi de l’artillerie sur les champs de bataille

§ 2 - Personnel de l'artillerie, de Vallière à Gribeauval (1720-1765)

de 1720 à 1755 - de 1755 à 1765

a) DE 1720 A 1755

Le ministre n'avait encore d'action directe que sur les troupes affectées au service de l'artillerie, mais la détention du duc du Maine lui ayant fait attribuer l'intérim de la grande maîtrise (décembre 1718-juin 1721), il en profita pour faire un pas décisif dans l'unification des deux corps d'officiers qui existaient alors (01 ).

1720. - Une ordonnance royale du 5 février 1720, élaborée par M. de Vallière (02 ), prescrivit en effet que toutes les compagnies qui composaient le régiment royal de bombardiers, toutes celles de canonniers, soit franches ou séparées, et toutes celles de mineurs seraient incorporées dans le régiment Royal-Artillerie.

Le nouveau régiment comprenait cinq bataillons de huit compagnies de 100 hommes : soit en tout 4000 hommes.

Une compagnie était composée de : 1 capitaine en premier, 1 capitaine en second, 2 lieutenants, 2 sous-lieutenants, 4 sergents, 4 caporaux, 4 anspessades, 2 cadets, 2 tambours et 84 soldats.

Chaque compagnie était divisée en trois escouades : la première comprenait 2 sergents, 2 caporaux, 2 anspessades, 18 canonniers ou bombardiers et 24 apprentis ; la deuxième comprenait 1 sergent, 1 caporal, 1 anspessade, 9 mineurs et 12 apprentis ; la troisième comprenait 1 sergent, 1 caporal, 1 anspessade, 9 ouvriers en fer ou en bois et 12 apprentis.

L'état-major de chaque bataillon se composait de : 1 lieutenant-colonel, 1 major, 1 aide-major, 1 aumônier et 1 chirurgien-major.

« Il ne sera mis à la tête de ces bataillons, dit une autre ordonnance de la même date, soit pour lieutenant-colonel, capitaine ou major, que des gens élevés dans le corps et qui se soient rendus capables par les écoles et leurs expériences dans les différentes fonctions que leurs emplois demandent, afin que le même homme puisse servir à placer et à commander également les batteries de canons et de mortiers, conduire les mines et les sapes. »

Ces cinq bataillons furent envoyés à La Fère, Metz, Strasbourg, Grenoble et Perpignan. Une école d'artillerie permanente fut établie dans chacune de ces places.

Le recrutement des officiers était assuré par le corps des cadets. Ceux-ci, au nombre de deux par compagnie, suivaient les cours de l'école d'artillerie locale. A la suite de ces écoles, se trouvait un corps de volontaires sans appointements qui après avoir suivi les cours pouvaient devenir officiers-pointeurs.

Mais le Corps-Royal de l'artillerie était maintenu à part. Ce corps, qui assurait en temps de paix les services des arsenaux, manufactures, etc., encadrait en temps de guerre les équipages de campagne et de siège.

Chacun des treize départements de l'artillerie(03) était commandé par un lieutenant-général d'artillerie (colonel, maréchal de camp, lieutenant-général des armées). Dans chaque département se trouvaient un certain nombre de lieutenants provinciaux, de commissaires provinciaux, de commissaires ordinaires, de commissaires extraordinaires et d'officiers-pointeurs.

Une ordonnance royale assimila en 1722 les officiers des deux corps de l'artillerie : les lieutenants-colonels aux lieutenants provinciaux, les capitaines aux commissaires provinciaux, les lieutenants aux commissaires extraordinaires et les sous-lieutenants aux officiers-pointeurs et donna le même uniforme à tous les officiers de l'arme.

1728. - En 1728, une ordonnance interdit d'enrôler des étrangers dans le régiment Royal-Artillerie.

1729. - Le 1er juillet 1729, de nouvelles modifications furent apportées dans l'organisation des bataillons d'artillerie. Chacun d'eux fut désormais composé de huit compagnies (1 de sapeurs, 5 de canonniers et 2 de bombardiers). L'effectif de chacune de ces compagnies était, de 70 hommes. Le nombre des officiers était réduit à cinq, par la suppression du capitaine en second de chaque compagnie (d'ailleurs rétabli un an plus tard, par ordonnance du 26 août 1730), ce nombre paraissant suffisant pour commander 70 hommes.

Chaque compagnie comprenait : 18 sapeurs, ou bombardiers ou canonniers, 36 apprentis et 16 gradés et tambours.

Il était en outre formé cinq compagnies d'ouvriers et cinq compagnies de mineurs pour servir séparément ou avec lesdits bataillons.

Chaque compagnie de mineurs était composée de 50 hommes et 5 officiers : 1 capitaine, 2 lieutenants, 2 sous-lieutenants, 3 sergents, 3 caporaux, 3 anspessades, 2 cadets, 16 mineurs, 22 apprentis et 1 tambour.

Chaque compagnie d'ouvriers était composée de 40 hommes et 2 officiers : 1 capitaine chef d'ouvriers, 1 lieutenant, 3 maîtres ouvriers, 3 sous-maîtres ouvriers, 25 ouvriers, 8 apprentis et 1 tambour. Les officiers de ces dernières compagnies étaient placés sur le même rang que les officiers du Corps-Royal, au même titre que les officiers du Royal-Artillerie. Les hommes de ces compagnies portaient un uniforme différent de celui de ce dernier corps.

La compagnie des sapeurs était chargée du travail de sape, les compagnies de canonniers du service des canons, celles des bombardiers du service des mortiers. Les compagnies de mineurs conservaient le même emploi que par le passé : l'attaque des mines. Les compagnies d'ouvriers étaient destinées à exécuter les travaux en fer ou en bois, aux arsenaux dans les places, et dans les parcs à la guerre, en un mot les ouvriers d'artillerie étaient chargés de tous les travaux du service de l'artillerie.

Le corps de l'artillerie se trouva par suite réduit à 3250 hommes, au lieu de 4000, et 581 officiers :

Royal-Artillerie
Mineurs
Ouvriers
Corps-Royal

225 officiers
25 officiers
10 officiers
  321 officiers
581 officiers

2800 hommes
250 soldats  
200 soldats  
           ‘’          
3250 hommes

1731. - Une ordonnance du 20 octobre 173 1 accorda des faveurs particulières et réserva les différents grades de sous‑officiers aux apprentis du Royal-Artillerie qui consentaient à rengager pour une nouvelle période de six années, à l'expiration de leur premier engagement.

1734. - En 1734, une sixième compagnie d'ouvriers fut créée pour le service de l'artillerie à l'armée d'Italie, avec la même composition que les cinq autres.

Cette sixième compagnie fut supprimée le 31 août 1736.

1743. - L'ordonnance royale du 30 septembre 1743 porta à 100 hommes l'effectif de chacune des quarante compagnies du régiment Royal-Artillerie. Chaque compagnie comprenait le même nombre d'officiers que précédemment et était composée de 4 sergents, 4 caporaux, 4 anspessades, 84 sapeurs, canonniers ou bombardiers, et 2 tambours.

Les 84 bombardiers étaient divisés en 16 artificiers bombardiers et 68 bombardiers. L'effectif des troupes d'artillerie se trouva par suite porté, au total, à 4450 hommes.

1745. - Le 10 août 1 745, l'effectif des cinq compagnies de mineurs fut fixé à 75 hommes chacune, et celui des cinq compagnies d'ouvriers à 60 hommes.

1747. - Le 1er juillet 1747, une nouvelle ordonnance royale augmenta de deux compagnies de 1 00 hommes, l'une de canonniers, l'autre de bombardiers, chacun des cinq bataillons du Royal-Artillerie : l'effectif du régiment fut ainsi porté à 5625 hommes.

1748. - En 1748, les troupes d'artillerie comprenaient, à la suite d'augmentations diverses :

Royal-Artillerie
Mineurs
Ouvriers
Corps-Royal

275 officiers
30 officiers
10 officiers
  321 officiers
636 officiers

5 000 hommes
435 soldats  
320 soldats  
         ‘’           
5755 hommes

Mais ces effectifs ne furent pas longtemps maintenus,

1749. - Le 10 janvier 1749, le régiment Royal-Artillerie fut de nouveau réduit. Les cinq bataillons devaient être composés de dix compagnies de 72 hommes, les cinq compagnies de mineurs de 60 hommes, et les cinq compagnies d'ouvriers de 410 hommes. Les cadres restaient les mêmes. L'effectif total des troupes d'artillerie n'était plus par suite que de 4100 hommes.

1753. - L'état des officiers du corps de l'artillerie de 1753 présente une légère augmentation : le Corps-Royal se composait, au commencement de 1753, de 340 officiers, savoir :

Premier lieutenant-général d'artillerie
Lieutenants-généraux d'artillerie
Lieutenants
Commissaires provinciaux
Commissaires ordinaires
Commissaires extraordinaires
Officiers-pointeurs

1
13
48
6
70
69
   78
340

M. de Vallière, lieutenant-général des armées du roi, portait le titre de directeur général des écoles, des bataillons du régiment Royal-Artillerie, des manufactures d'armes et des forges.

de 1720 à 1755 - de 1755 à 1765

b) DE 1755 A 1765

Le Corps-Royal de l'artillerie avait subsisté jusqu'à ce moment à côté du régiment Royal-Artillerie, et malgré plusieurs ordonnances, fréquemment rappelées, pour faire cesser les rivalités des officiers des deux corps, il y avait encore de nombreux froissements.

1755. - Le 1er novembre 1755, le duc du Maine donna la démission de sa charge de grand-maître et capitaine-général de l'artillerie dont il était pourvu depuis le 12 mai 1710. Le roi profita de l'occasion pour unifier le corps de l'artillerie et lui adjoignit le corps des ingénieurs, pensant réaliser des économies en confiant dans une même place le service de l'artillerie et celui des fortifications à un seul officier. Le 8 décembre 1755, une ordonnance royale décidait que :

ART. 1. - Veut Sa Majesté que les bataillons du régiment Royal-Artillerie(04), les compagnies de mineurs (05 ) et d'ouvriers (06 ) qui servent à leur suite, les officiers d'artillerie et les ingénieurs (07) ne fassent dorénavant qu'un seul et même corps, sous la dénomination de Corps-Royal de l'artillerie et du génie.

Les lieutenants-colonels commandant les bataillons de ce corps avaient rang de colonel d'infanterie, les plus anciens capitaines rang de lieutenant-colonel. Les lieutenants du grand-maître prenaient le titre de lieutenant-colonel du Corps-Royal de l'artillerie et du génie, les commissaires provinciaux celui de capitaine en premier, les commissaires ordinaires celui de capitaine en second, et les commissaires extraordinaires et officiers-pointeurs celui de lieutenant en premier.

1756. - Les connaissances scientifiques indispensables aux officiers d'artillerie rendirent nécessaires des modifications dans le recrutement et l'instruction du corps des officiers.

Les officiers s'étaient jusqu'alors recrutés parmi les cadets (au nombre de deux par compagnie), qui suivaient les cours des écoles régionales établies au lieu de garnison de chaque bataillon.

Une ordonnance du 8 avril 1756 décida la création à La Fère d'une école nouvelle, destinée à la formation des futurs officiers d'artillerie. Les élèves, au nombre de cinquante, étaient admis à la suite d'un concours portant sur la géométrie, l'arithmétique et la mécanique statique. A la fin de l'année, après un nouvel examen, les uns étaient désignés pour les bataillons, où ils devaient continuer à suivre les cours des écoles régionales qui fonctionnaient comme par le passé. Les autres étaient envoyés à l'école de Mézières, où ils faisaient un stage de deux ans pour perfectionner leur instruction avant d'entrer dans le génie.

La même ordonnance supprimant la grande maîtrise fit revenir l'artillerie sous la direction immédiate du secrétaire d'État chargé du département de la guerre, qui nommait un directeur général des bataillons et des écoles d'artillerie. Joseph de Vallière fut nommé directeur et inspecteur général du Corps-Royal de l'artillerie et du génie.

Le 1er décembre 1756, le Corps-Royal fut de nouveau modifié et le nombre des bataillons du régiment Royal-Artillerie porté à 6 de chacun 16 compagnies, dont 2 de sapeurs, 9 de canonniers et 5 de bombardiers. L'effectif de chaque compagnie était fixé à 50 hommes.

Chaque compagnie de sapeurs comprenait 6 officiers, 6 gradés, 43 sapeurs et 1 tambour.

Chaque compagnie de canonniers comprenait 6 officiers, 6 gradés, 43 canonniers et 1 tambour.

Chaque compagnie de bombardiers comprenait 6 officiers, 6 gradés, 8 artificiers, 35 bombardiers et 1 tambour.

L'état-major de. chaque bataillon comprenait 1 colonel, 1 lieutenant-colonel, 1 major, 1 aide-major, 1 sous-aide-major, 1 aumônier et 1 chirurgien.

Il était créé en outre une sixième compagnie de mineurs et une sixième compagnie d'ouvriers avant la même composition que celles déjà existantes.

Les écoles d'artillerie fonctionnaient dans la garnison de chaque bataillon, c'est-à-dire à La Fère, Metz, Strasbourg, Grenoble, Besançon et Auxonne.

Par suite de ces nouvelles augmentations, l'effectif du Corps-Roval de l'artillerie et du génie s'éleva à 5400 hommes et 963 officiers.

1757. - L'organisation du personnel de l'artillerie en campagne fut réglée de la façon suivante par une ordonnance royale du 24 février 1757 :

A la formation d'un parc, un certain nombre d'officiers du Corps-Royal étaient mis aux ordres du commandant de l'équipage, pour lui être attachés pendant toute la campagne. Un d'entre eux était chargé des fonctions de commissaire du parc, et un autre du détail de l'équipage.

Un ou plusieurs bataillons d'artillerie étaient affectés à l'équipage. Les officiers et les hommes du ou des bataillons étaient ensuite répartis entre les diverses brigades de l'équipage. Il devait y avoir toujours 6 officiers par brigade. Les colonels des bataillons n'avaient plus alors à faire de service d'artillerie proprement dit, à l'exception de celui qui était choisi pour commander l'équipage. Chaque colonel continuait cependant à être chargé pour son bataillon de tout ce qui concernait le service intérieur (revues, appels, armement, habillement, etc.).

L'officier chargé du détail de l'équipage servait sous la dénomination de major de l'équipage. Il s'occupait des recettes et dépenses, de la police des employés (conducteurs, ouvriers d'état, artificiers, charretiers), de la comptabilité des munitions, du détail du service de tranchée et des batteries dans les sièges. En résumé, cet officier dirigeait tous les services du parc et toute la comptabilité du personnel et du matériel qui le composait.

En avril 1757, fut créé un commissaire général du Corps-Royal de l'artillerie et du génie et onze commissaires des guerres et du Corps-Royal, chargés de toute la surveillance administrative en temps de paix et en temps de guerre (08). En campagne, un ou plusieurs commissaires devaient être attachés à l'équipage.

1758. - En 1758, fut créée la charge de trésorier général de l'artillerie et du génie. Le titulaire était chargé de centraliser toutes les dépenses de l'artillerie et du génie jusqu'alors réparties entre le trésorier de l'extraordinaire des guerres, celui de l'artillerie et celui des fortifications.

La fusion entre le corps des ingénieurs et les officiers du Corps-Royal, opérée en 1755, ne pouvait donner de bons résultats : on ne pouvait, en effet, avoir la prétention de transformer brusquement un artilleur en ingénieur, et un ingénieur en artilleur. Le corps des ingénieurs fut de nouveau séparé en mai 1758, et l'ordonnance spécifiait que ceux-ci « ne s'occuperont plus à l'avenir des détails de l'artillerie ». Les compagnies de mineurs et d'ouvriers et leurs officiers continuaient à faire partie du Corps-Royal de l'artillerie.

En 1758, le Corps-Royal fut de nouveau transformé, tout en étant toujours composé des officiers des bataillons, de ceux des compagnies d'ouvriers et de mineurs, et des officiers de l'ancien Corps-Royal. Mais l'ordonnance du 5 novembre 1758 les répartissait de la façon suivante :

ART. 2. - Ce corps sera désormais composé de 636 officiers, savoir 1 directeur et 6 inspecteurs, 6 chefs de brigade, .28 colonels, 33 lieutenants-colonels, 111 capitaines en premier, 109 capitaines en second, 120 lieutenants en premier, 126 lieutenants en second et 96 sous-lieutenants, lesquels seront répartis comme il sera dit après.

ART. 3. - Les six bataillons du Corps-Royal de l'artillerie seront convertis en pareil nombre de brigades(09) composées de 800 hommes et divisées en 8 compagnies de 100 hommes chacune.

ART. 4. - Chaque brigade sera composée de 1 compagnie d'ouvriers, de 8 compagnies de canonniers et de 2 compagnies de bombardiers. Le roi prenait à sa charge le recrutement de toutes les troupes de l'artillerie, mais laissait aux capitaines d'ouvriers le soin de recruter leurs hommes.

Composition d'une compagnie d'ouvriers : 1 capitaine en premier, 2 capitaines en second, 2 lieutenants en premier, 2 lieutenants en second, 6 sergents ou maîtres-ouvriers, 6 caporaux ou sous-maîtres, 6 anspessades, 60 ouvriers, 19 apprentis et 3 tambours.

Composition d'une compagnie de canonniers : mêmes cadres que la précédente, 79 canonniers, 3 tambours.

Composition d'une compagnie de bombardiers : comme celle de canonniers.

L'état-major de chaque brigade devait être composé de 1 brigadier ou chef de brigade d'un grade quelconque, 1 lieutenant-colonel, 1 major, 1 aide-major, un sous-aide-major, 1 aumônier et 1 chirurgien.

Les compagnies de sapeurs étaient réduites à 6 de 60 hommes chacune, composée de : 1 capitaine en premier, 1 lieutenant en premier, 2 lieutenants en second, 3 sergents, 3 caporaux, 3 anspessades, 50 sapeurs et 1 tambour. Le surplus des sapeurs provenant des anciennes compagnies de sapeurs servit à l'augmentation des compagnies d'ouvriers.

Les six compagnies de mineurs étaient composées chacune de la façon suivante : 1 capitaine en premier, 1 capitaine en second, 2 lieutenants en premier, 2 lieutenants en second, 4 sergents, 4 caporaux, 4 anspessades, 2 tambours, 24 mineurs et 22 apprentis.

Le premier capitaine de chaque brigade, le premier capitaine des sapeurs et le premier capitaine des mineurs avaient rang de lieutenants-colonels.

Les départements généraux de l'artillerie furent supprimés et les officiers supérieurs du corps autrefois chargés de ces départements furent remplacés par sept inspecteurs généraux, dont le premier avait le titre de directeur général, sans avoir cependant autorité sur les autres. Ils étaient chargés chaque année de l'inspection des places successivement dans chaque province, de la surveillance des arsenaux, fonderies, manufactures, approvisionnements, de l'inspection des six brigades et des écoles, enfin des détails de l'artillerie dans les places.

Toutes les places du royaume furent converties en vingt-deux directions (10), chaque direction étant administrée par 1 colonel directeur en chef, 1 lieutenant-colonel sous-directeur, 2 capitaines en premier et 2 capitaines en second (toutefois, ces derniers provenaient des compagnies de canonniers, de bombardiers ou ouvriers, où un seul devait être constamment maintenu).

Cette organisation permettait à tous les officiers de passer par les établissements d'artillerie pour faire leur instruction technique.

Un lieutenant-colonel fut placé dans chacune des quatre manufactures, avec le droit de correspondre directement avec le secrétaire d'État à la guerre.

L'école des élèves était maintenue et le nombre des sous-lieutenants à instruire dans chacune des six autres écoles de garnison fixé à seize. Tous les officiers devaient sortir des écoles et cette communauté d'origine fit cesser enfin les dernières distinctions entre les deux anciens corps.

Les officiers des brigades et ceux des compagnies de sapeurs et de mineurs roulaient entre eux pour l'avancement. Cependant, les officiers de sapeurs et de mineurs pouvaient, tout en étant promus à leur tour, être maintenus dans leurs fonctions jusqu'à ce qu'ils pussent être affectés de nouveau avec leur nouveau grade dans les dites compagnies.

1758. - En résumé, le personnel de l'artillerie, à la fin de 1758, était composé de la manière suivante :

1759. - Le 1er janvier 1759, 59 officiers (dont 10 officiers généraux et 9 colonels) reçurent avis de leur mise à la retraite. A la même date, 636 lettres de service furent expédiées, et presque tous les officiers reçurent une destination nouvelle. Les mutations et les mouvements s'effectuèrent pour la plupart dans la première quinzaine de mars, non sans occasionner plus d'une récrimination : « M. de Vallière, en particulier, qui était alors à l'armée d'Allemagne et auquel le ministre n'avait communiqué ses intentions qu'après avoir fait signer l'ordonnance par le roi, se montra profondément froissé et se plaignit amèrement. Il se tint à l'écart pendant deux années, puis demanda l'autorisation de passer pour quelque temps au service du roi d'Espagne dont il réorganisa complètement l'artillerie (11). »

1759. - En mars 1759, le corps des ingénieurs fut réorganisé et les compagnies de sapeurs et de mineurs détachées du Corps-Royal de l'artillerie, qui se trouva ainsi réduit à 576 officiers et 4800 hommes.

Dans l'ordonnance royale du 2 avril 1759 sur le service du Corps-Royal de l'artillerie, il y a lieu de relever les quelques données suivantes :

Le Corps-Royal tenait le rang du 47e d'infanterie ;

La taille minimum des soldats était fixée à 5 pieds 4 pouces et l'âge de l'engagement entre seize et vingt ans :

L'avancement des bas-officiers se faisait d'après des règles assez curieuses fixées par la même ordonnance :

« Sa Majesté désirant que dans la promotion des soldats aux places de hautes-payes, d'anspessades, de caporaux et sergents, on n'ait aucun égard à l'ancienneté, mais seulement à la bonne conduite et à l'application des sujets, elle veut que lorsqu'une place de sergent viendra à vaquer dans une des compagnies des brigades du Corps-Royal, les douze plus anciens sergents de la brigade s'assemblent pour choisir parmi tous les caporaux de ladite brigade trois sujets propres à remplir la place vacante ; ils les présenteront au major et au capitaine de la compagnie dans laquelle la place de sergent sera vacante : et sur le rapport de ces deux officiers, le commandant de la brigade nommera celui des trois sujets proposés qui lui paraîtra mériter la préférence. »

Les nominations à tous les grades se faisaient d'une manière analogue.

On créa, la même année, quatre compagnies d'invalides d'artillerie, dont les emplois de lieutenant étaient réservés aux anciens sergents du corps ; elles étaient affectées au service des places et des côtes. Les emplois de garde d'artillerie étaient aussi réservés aux sergents et aux conducteurs méritants.

Les règles relatives à la formation et à l'organisation du personnel du parc en campagne restaient fixées comme précédemment, mais les différentes fractions de l'équipage substituaient le nom de divisions à celui de brigades employé jusqu'alors.

Chaque division de bouches à feu devait être accompagnée d'un peloton « composé du nombre de sergents et de soldats nécessaires pour le service, lequel peloton sera alternativement commandé par la moitié des officiers attachés à ladite division, la totalité ne devant s'y trouver que dans .le cas de détachements ou d'affaires générales ».

1760. - Les compagnies de sapeurs furent rendues au Corps-Royal en 1760 par une ordonnance du 27 février, prescrivant le remplacement des compagnies d'ouvriers des brigades d'artillerie réduites à 60 hommes, par les compagnies de sapeurs portées à 100 hommes. Les brigades d'artillerie comprenaient ainsi une compagnie de sapeurs, cinq de canonniers et deux de bombardiers.

Les compagnies d'ouvriers étaient attachées respectivement à une brigade du Corps-Royal, sans cependant en faire partie. Elles se composaient de : 1 capitaine en premier, 1 capitaine en second, 1 lieutenant en premier, 1 lieutenant en second, 1 lieutenant en troisième, 3 sergents ou maîtres ouvriers, 1 maître batelier sergent, 3 caporaux ou sous-maîtres, 1 caporal maître charpentier de bateaux, 4 anspessades dont 1 calfat, 30 ouvriers, 7 charpentiers de bateaux calfats ou bateliers, 9 apprentis et 2 tambours.

1762. - Le 15 novembre 1761, nouvelle réorganisation du Corps-Royal : l'artillerie de marine fusionnant avec l'artillerie de terre, le Corps-Royal est augmenté de trois brigades de huit compagnies (1 de bombardiers, 7 de canonniers) de 100 hommes chacune. En outre, il est créé trois nouvelles écoles d'artillerie, analogues à celles déjà existantes, à Brest, Toulon et Rochefort.

Enfin, le 21 décembre 1761, le Corps-Royal était encore réorganisé par le général de Crémille, successeur du maréchal de Belle-Isle et directeur général en chef de l'artillerie.

Nouvelles brigades. - L'état-major de chaque brigade était le même que pour les anciennes brigades (moins 1 garçon-major). La compagnie de bombardiers comprenait : 1 capitaine, 2 lieutenants en premier, 2 lieutenants en second, 6 sergents, 6 caporaux, 6 anspessades, 16 artificiers, 63 bombardiers et 3 tambours. Chaque compagnie de canonniers, avec le même cadre que la précédente, comprenait 79 canonniers et 3 tambours.

Les charges de chef de brigade, colonel et lieutenant-colonel dans les nouvelles brigades furent remplies au début par des capitaines de vaisseau, celles de lieutenant par des enseignes de vaisseau. Les officiers devaient se recruter uniquement parmi les enseignes de vaisseau.

Dans les ports de Brest, Rochefort et Toulon était créé un groupe d'ouvriers d'état, au nombre de vingt dans chacun. Ces ouvriers étaient chargés des constructions et réparations d'accessoires de l'artillerie.

Anciennes brigades. - L'état-major des anciennes brigades n'était pas changé, mais chacune des six brigades était augmentée de deux compagnies de canonniers de 100 hommes.

En outre, les six compagnies de mineurs étaient de nouveau détachées du corps du génie et attachées à chacune des anciennes brigades de la même manière que les compagnies d'ouvriers.

Les programmes d'instruction à suivre dans les écoles régionales étaient de plus en plus largement développés, de même que celui de l'école des élèves. Le nombre des officiers et des élèves qui suivaient les cours de ces écoles était fixé au même chiffre que précédemment.

1762. - Le 5 décembre 1762, fut créée une dixième brigade du Corps-Roval destinée d'abord au service des colonies, mais affectée plus tard au service de terre.

Cette brigade devait être composée de dix compagnies (1 de sapeurs et 9 de canonniers-bombardiers) de 100 hommes chacune. Il était créé en outre une septième compagnie d'ouvriers et une septième compagnie de mineurs, à l'effectif de 59 hommes chacune, pour être rattachées à cette brigade.

La compagnie de sapeurs comprenait : 1 capitaine en premier, 2 capitaines en second, 2 lieutenants en premier, 2 lieutenants en second, 6 sergents, 1 fourrier, 6 caporaux, 6 appointés, 18 sapeurs de première classe, 60 sapeurs de deuxième classe et 3 tambours. La compagnie était divisée en six escouades de 15 hommes chacune dont 1 caporal, 1 appointé, 13 sapeurs. Les première, troisième, cinquième escouades formaient la première division, les deuxième, quatrième et sixième escouades la deuxième division. Chaque compagnie de canonniers-bombardiers comprenait les mêmes cadres que la précédente, plus 6 artificiers, 12 soldats de première classe, 18 de seconde, 42 de troisième et 3 tambours, répartis aussi en six escouades de 15 hommes.

Les compagnies de mineurs et d'ouvriers, composées comme précédemment, étaient divisées en quatre escouades.

1763. - Le 3o juin 1763, une ordonnance donnait aux six anciennes brigades d'artillerie la même organisation qu'à la septième, c'est-à-dire une compagnie de sapeurs et neuf de canonniers-bombardiers.

En outre, dans chaque brigade de l'artillerie de terre, il était créé 2 porte-drapeau, 1 trésorier et 1 tambour-major.

Le corps d'artillerie n'avait jamais été aussi nombreux qu'à la fin de 1763 ; il comprenait à cette date :

Inspecteurs et directeur général
Chefs de brigade
Colonels
Lieutenants-colonels
Capitaines en premier
Capitaines en en second
Lieutenants en premier
Lieutenants en en second
Sous-lieutenants
Élèves de l'école des élèves

Brigades d'artillerie de terre
Brigades d'artillerie de marine
Compagnies de mineurs
Compagnies d'ouvriers
Quatre compagnies des invalides de l'artillerie (créées en 1758) chargées de la défense des places

          7
        10
        32
        37
      172
      228
      235
      230
        96
  __  50
 _1 097 officiers
  7 000
  2 400
     419
     419


     400
10 638 hommes

Soit au total 11725 officiers et soldats.

Mais de nouvelles modifications ne tardaient pas à réduire ces effectifs.

1764. - En mars 1764 , la brigade de Rochefort était supprimée et chacune des deux autres brigades destinées à la marine était composée de huit compagnies (1 de bombardiers et 7 de canonniers) fortes seulement de 82 hommes répartis en cinq escouades. La brigade de Toulon détachait à Rochefort trois compagnies de canonniers qui étaient commandées par le colonel de Toulon et le lieutenant-colonel de Brest : c'était une réduction de 1088 hommes.

1765. - Le 25 mars 1765 d'ailleurs, cette artillerie était remise à la marine et la séparation fut rendue définitive en 1769.

Table des matières
Le personnel de l'artillerie pendant les dernières années du règne de Louis XIV
Personnel de l'artillerie, de Vallière à Gribeauval (1720-1765)
Le personnel de l’artillerie, de Gribeauval à la Révolution
Etat du personnel de l’artillerie en 1789
Chapitre II : Le matériel - Chapitre III : Emploi de l’artillerie sur les champs de bataille

§3 - Le personnel de l'artillerie, de Gribeauval à la Révolution

1765. ‑ Sur la proposition de M. de Gribeauval (12), le Corps- Royal fut complètement réorganisé par une ordonnance du roi, en date du 13 août 1765.

Les sept brigades du Corps-Royal étaient converties en un pareil nombre de régiments portant le nom des villes où ils avaient leurs écoles : régiments du Corps-Royal de l'artillerie de La Fère, Metz, Besançon, Grenoble, Strasbourg, Auxonne et Toul(13).

Chaque régiment comprenait deux bataillons de canonniers et de sapeurs et quatre compagnies de bombardiers.

Chaque bataillon était divisé en deux brigades, l'une de quatre compagnies de canonniers, l'autre de trois compagnies de canonniers et d'une de sapeurs. Les quatre compagnies de bombardiers formaient une cinquième brigade (14).

Chaque compagnie de canonniers et sapeurs comprenait : 1 capitaine en premier, 2 lieutenants en premier, 2 lieutenants en second (dont 1 provenant du corps des sergents), 1 fourrier, 4 sergents, 4 caporaux, 4 appointés, 8 canonniers ou sapeurs de première classe, 16 de seconde, 8 apprentis et 1 tambour. En temps de guerre ces compagnies étaient augmentées chacune de 2o apprentis.

Chaque compagnie de bombardiers comprenait, en plus des officiers (en même nombre que dans les précédentes), 1 fourrier, 4 sergents, 4 caporaux, 4 appointés, 4 artificiers, 4 bombardiers de première classe, 16 de seconde, 8 apprentis et 1 tambour ; en temps de guerre elle était augmentée de 24 apprentis.

Chaque compagnie était divisée en quatre escouades commandées chacune par un sergent.

Dans chaque brigade était créé un chef de brigade de grade équivalent à celui de major.

L'état-major du régiment comprenait : 1 colonel, 1 lieutenant-colonel, 5 chefs de brigade, 1 major, 1 aide-major, 2 sous-aides-majors, 1 quartier-maître, 1 trésorier, 1 tambour-major, 1 aumônier et 1 chirurgien.

Dans chaque compagnie, le lieutenant en second provenant du corps des sergents remplissait les fonctions de garçon-major pour seconder le major et les sous-aides-majors.

Le grade de chef de brigade et de major était supérieur à celui de capitaine. Les sept plus anciens chefs de brigade ou majors jouissaient des prérogatives du grade de lieutenant-colonel tout en remplissant leurs propres fonctions.

Les capitaines en second et les lieutenants concouraient entre eux dans le même régiment pour l'avancement. Les autres officiers roulaient dans tout le corps.

Les grades inférieurs (fourriers, sergents et caporaux) se donnaient de la façon suivante : les deux plus anciens sergents établissaient une liste de six candidats les plus dignes à leurs yeux ; une commission d'officiers choisissait trois noms sur cette liste, sur lesquels ensuite le commandant du régiment faisait le choix définitif.

Les compagnies de mineurs, tout en continuant à faire partie du Corps-Royal de l'artillerie, formaient un corps particulier, portant le nom de corps des mineurs et ayant un commandant, général, un commandant particulier et un aide-major(15).

Le corps des mineurs comprenait six compagnies, réunies dans une école unique à Verdun.

Chaque compagnie de mineurs comprenait : 1 capitaine en premier, 1 capitaine en second, 2 lieutenants en premier, 2 lieutenants en second (dont 1 du corps des sergents), 4 sergents, 1 fourrier, 4 caporaux, 8 appointés, 16 mineurs, 32 apprentis, 1 tambour. En temps de guerre, chaque compagnie devait être augmentée de 12 apprentis

La compagnie était divisée en 4 subdivisions, 8 escouades, 16 demi-escouades.

Un officier général du corps de l'artillerie désigné par le roi était chargé de la direction de l'école de ce corps et du commandement des six compagnies.

Un des commandants de compagnie, sans grade autre que celui lui appartenant, était chargé du commandement sous les ordres de cet inspecteur général. Un chef de brigade était en outre chargé dans le corps de diriger l'instruction des officiers. Un aide-major de l'infanterie avait la surveillance des garçons-majors de toutes les compagnies.

Les officiers des compagnies de mineurs roulaient uniquement entre eux pour l'avancement : ils pouvaient cependant concourir avec les officiers du Corps-Royal pour les grades supérieurs, mais, même dans ce cas, ils n'abandonnaient pas leurs fonctions antérieures.

Les compagnies d'ouvriers étaient portées au nombre de neuf disséminées pendant la paix dans les différents arsenaux de construction.

L'effectif de chacune de ces compagnies comprenait : 1 capitaine en premier, 1 capitaine en second, 2 lieutenant en premier, 2 lieutenants en second, 4 sergents, 1 fourrier, 5 caporaux, 5 appointés, 18 ouvriers de première classe, 16 de seconde, 11 apprentis et 1 tambour. En temps de guerre l'effectif de chacune était augmenté de 9 apprentis. Les forgeurs et serruriers de chaque compagnie formaient 2 escouades (de 13 hommes chacune), les charrons 2 également (de 9 hommes chacune), les charpentiers et menuisiers 1 (de 11 hommes). Les officiers roulaient pour l'avancement avec ceux du Corps-Royal

Les engagements devaient être désormais contractés pour huit ans au lieu de six. Les rengagés jouissaient de faveurs spéciales.

En outre des officiers des corps de troupe, étaient désignés pour les autres services de l'artillerie : 9 inspecteurs généraux, 7 commandants en chef des écoles, 22 colonels-directeurs, 27 lieutenants-colonels dont 4 inspecteurs de manufactures d'armes et 1 commandant de l'école des élèves, 22 sous-directeurs, 35 capitaines en premier et 77 capitaines en second dont 11 attachés à chaque régiment.

Le nombre des élèves de l'école des élèves était porté à 60 (au lieu de 50), formant une compagnie sous les ordres de : 1 colonel, 1 lieutenant-colonel, 1 capitaine en premier et 2 capitaines en second. Les sept anciennes écoles étaient maintenues. Les sous-lieutenants à la suite de ces écoles étaient supprimés, mais on pouvait recevoir des aspirants au nombre de dix environ par école.

La solde des officiers était augmentée dans de notables proportions en temps de paix et en temps de guerre.

Cette nouvelle organisation donnait à l'artillerie les effectifs de 1 065 officiers, 7 409 hommes sur le pied de paix et 10 922 hommes sur le pied de guerre.

En campagne le personnel conservait la même formation : un certain nombre de compagnies, choisies de préférence parmi les compagnies de sapeurs, étaient détachées auprès des brigades d'infanterie. Les autres pièces d'artillerie, distribuées entre plusieurs réserves, comme nous le verrons plus loin(16), étaient réparties en divisions de huit pièces : une compagnie était chargée du service de chaque division à raison de deux pièces par escouade. En principe, dans chaque brigade, deux compagnies étaient employées au service du canon d'infanterie, et deux au service du canon de réserve.

En entrant en campagne, un certain nombre de bataillons de milices étaient affectés au Corps-Royal pour fournir les gardes ordinaires et aider à la manoeuvre de cette arme : ces hommes répartis entre les compagnies à raison de 56 hommes par compagnies servant du canon de 12, et 32 hommes par compagnie servant du canon de 8, étaient destinés, en principe, à faire le service de garde et à frayer les chemins à l'artillerie de réserve.

Un certain nombre d'officiers, détachés du grand parc, encadraient le petit parc attaché à chacune lies réserves d'artillerie

Dans la division, chaque lieutenant, assisté d'un sergent, commandait une section de deux pièces, le sergent étant plus spécialement chargé des attelages et des munitions ; le caporal et sept, hommes servaient l'une des pièces, l'appointé et sept autres hommes servaient la deuxième.

Les capitaines s'occupaient pendant le combat des emplacements des attelages, des mouvements à exécuter par les pièces, en particulier du changement de projectiles selon la distance de l'ennemi (17).

Il était formé sur la frontière, dès l'entrée en campagne, un dépôt de l'artillerie, afin de pouvoir remplacer plus facilement le matériel et les munitions, et aussi pour instruire les recrues destinées à cette arme.

L’école des élèves fut transférée à Bapaume en 1766.

1766. - En mai 1766, quatre nouvelles compagnies d'invalides de l'artillerie furent formées et attachées au service de l'artillerie dans les places et sur les côtes ; elles étaient composées chacune de 3 officiers et 63 hommes (réduits à 60 en 1769). Ces huit compagnies étaient réparties entre les places de Bayonne, Bordeaux, Le Havre, Caen, Saint-Malo, Boulogne, les îles d'Hyères, Marseille (cette dernière allait à Cette en temps de guerre).

Toutes ces modifications successives, augmentations suivies de réductions, avaient amené un très grand ralentissement dans l'avancement des officiers (18). Le mal allait encore s'aggraver.

1772. -Le 13 août 1772, sous l'empire de la réaction contre le système de Gribeauval, une ordonnance due à Monteynard (19) venait bouleverser encore une fois toute cette organisation.

Les sept régiments étaient conservés avec leur dénomination : ils comprenaient toujours 2 bataillons, formés chacun de 7 compagnies de canonniers, 2 de bombardiers et 1 de sapeurs. Ces compagnies étaient, dans chaque bataillon, réparties en deux brigades : la première, composée de 3 compagnies de canonniers, 1 de bombardiers, 1 de sapeurs ; la deuxième, de 4 compagnie de canonnier, 1 de bombardiers. Il était créé une septième compagnie de mineurs.

Le cadre des compagnies des régiments n'était plus composé que de 4 officiers : 1 capitaine en premier, 1 capitaine en second, 1 lieutenant en premier, 1 lieutenant en second. Chaque compagnie ne comprenait plus que 35 bas-officiers et soldats divisés en 3 escouades.

L'état-major du régiment restait fixé comme précédemment, à l'exception des chefs de brigade qui étaient supprimés. On y ajoutait cependant six fifres ou clarinettes. L'école des élèves était supprimée. Le nombre d'aspirants à prendre dans les anciennes écoles était réduit à six, la solde des plus anciens officiers diminuée, le prix des engagements réduit à 80 livres malgré la difficulté de faire des recrues d'artillerie

Les compagnies de mineurs, réduites à 5 officiers et 50 hommes, chacune formant 6 escouades, quittaient l'école de Verdun et étaient affectées chacune à un régiment d'artillerie.

Les neuf compagnies d'ouvriers étaient réduites chacune à 4o hommes répartis dans 4 escouades (2 d'ouvriers en fer et 2 d'ouvriers en bois). En résumé, le corps d'artillerie ne devait plus comprendre que :

1 directeur général et 7 chefs de département général (20)
Commandants d’école
Colonels de régiment
Colonels directeurs
Lieutenants-colonels de régiment
Lieutenants-colonels sous-directeurs
Lieutenants-colonels inspecteurs aux manufactures
Majors
Aides-majors
Sous-aides-majors
Capitaines en premier attachés aux résidences des places
Capitaines en premier des régiments
Capitaines en premier des compagnies d’ouvriers et mineurs
Capitaines en second des régiments
Capitaines en second des compagnies d’ouvriers et mineurs
Lieutenants en premier (des régiments et des compagnies)
Lieutenants en second (des régiments et des compagnies)
Porte-drapeau
Quartiers-maîtres

Officiers du corps de l’artillerie   

8
7
7
23
7
23
4
7
14
14
35
140
16
140
16
163
156
14
      7

801

     

Artillerie

4 907

Hommes de troupe
5 617
 

Ouvriers

360

     

Mineurs

350

Une autre ordonnance, mais de décembre de la même année, assujettissait le Corps-Royal à faire pendant l'hiver le service de garde dans les places, dont celle de 1765 l'avait exempté, et privait les officiers d'artillerie du droit d'y commander suivant leur grade, quand ils y étaient détachés. Le service par compagnie fut aboli et celui par détachement mis en vigueur.

On revenait pour l'instruction au règlement de 1720.

En campagne, on devait affecter à chaque division de bouches à feu une brigade d'officiers. Cependant, dans la division, chaque soldat restait constamment attaché à la pièce qu'il avait à servir. Les autres dispositions de la répartition du personnel étaient maintenues, à l'exception de celles affectant des officiers et soldats du Corps-Royal au service du canon d'infanterie. Ce dernier devait désormais être servi par les troupes d'infanterie.

1774. - Mais l'expérience de ce nouveau système fut de courte durée : son but avait surtout été de rendre à M. de Vallière une certaine autorité sur ce corps. Le comte de Muy, qui remplaça Monteynard en 1774, fit rendre le 3 octobre, une ordonnance qui annulait la précédente.

Les régiments et bataillons reprenaient la même composition qu'en 1765. Chaque compagnie des régiments d'artillerie était composée de : 1 capitaine, 1 lieutenant en premier et 2 lieutenants en second (dont 1 tiré du corps des fourriers et sergents et portant le titre d'adjudant) et 35 hommes de troupe, pouvant eu certains cas être augmentés de 8 hommes et en temps de guerre être portés à 70. Chacune de ces compagnies était divisée en 4 escouades comme précédemment. L'état-major du régiment avait la même composition qu'en 1 765, avec une augmentation de 6 musiciens.

Les sept compagnies de mineurs comprenaient chacune 1 capitaine en premier, 1 capitaine en second, 1 lieutenant en premier et 2 lieutenants en second (dont 1 venant du corps des sergents et portant le titre d'adjudant) et 46 hommes pouvant être portés à 70 et, en temps de guerre, à 82.

Il était créé de nouveau un chef de brigade des mineurs.

Les neuf compagnies d'ouvriers, réparties comme précédemment dans les arsenaux, étaient composées de 5 officiers et, 40 hommes, pouvant être portés à 61 et, en temps de guerre, à 70.

Indépendamment des officiers des corps de troupe, 205 officiers étaient détachés pour le service dans les places : 9 inspecteurs généraux dont 1 directeur général, 7 commandants en chef des écoles, 22 colonels directeurs, 27 lieutenants-colonels dont 4 inspecteurs de manufacture d’armes et 23 sous-directeurs, 63 capitaines en premier et 77 capitaines en second dont 11 attachés à chaque régiment. De plus, 10 capitaines en second étaient mis à la suite dans chaque régiment et employés dans les arsenaux, fonderies, etc.

En campagne, des compagnies du Corps-Royal devaient être de nouveau désignées pour faire le service du canon d'infanterie. La répartition du personnel pour le service des diverses pièces était. rétablie comme en 1 765.

Le personnel de l'artillerie comprenait, en 1774, 905 officiers et 5 631 soldats.

1776. - Le 27 juin 1776 une ordonnance enjoignit aux officiers généraux divisionnaires de s'instruire des détails relatifs à l'artillerie et leur donna autorité, sur les troupes du Corps-Royal pour la police seulement. Ils étaient autorisés à visiter les arsenaux et à prendre copie de tous les plans, projets, mémoires relatifs à l'artillerie.

La réorganisation générale de l'armée opérée par le conte de Saint-Germain n'affecta pas sensiblement la constitution du Corps-Royal tel que l'avait organisé Gribeauval en 1765. Les sept régiments étaient maintenus ainsi que les neuf compagnies d'ouvriers. Une compagnie de mineurs était supprimée.

Le nombre des officiers détachés dans les places était réduit à 127 officiers : 10 directeurs généraux dont 1 portant le titre de premier inspecteur du corps (21), 6 commandants en chef des écoles (une école étant supprimée), 22 colonels directeurs, 27 lieutenants sous-directeurs, dont 4 inspecteurs de manufactures, et, 62 capitaines en premier.

Le cadre de l'état-major de régiment était peu changé : les deux sous-aides-majors, le quartier-maître, le trésorier, les musiciens étaient supprimés ; 1 quartier-maître trésorier et 1 armurier étaient institués, et le régiment gardait la même composition. Dans chaque compagnie le deuxième lieutenant en second (l'ancien adjudant) portait le titre de lieutenant en troisième. Chaque compagnie comprenait 1 sergent-major, 4 sergents, 1 fourrier (pour le temps de guerre seulement), 4 caporaux, 4 appointés, 56 canonniers ou sapeurs, en tout 71 hommes distribués en 4 escouades.

Les six compagnies de mineurs comprenaient chacune 5 officiers et 82 hommes et étaient divisées comme précédemment en 8 escouades. Les six compagnies étaient réunies dans la même place.

La solde était augmentée pour tous les grades.

Chacune des neuf compagnies d'ouvriers comprenait 4 officiers et 71 hommes. La répartition du personnel en campagne était fixée comme précédemment.

La composition du Corps-Royal, telle qu'elle résultait de l'ordonnance de 1776, était à peu près la suivante :

Régiments du Corps-Royal
Mineurs
Ouvriers
Détachés dans les places
                              TOTAUX

630 officiers
30 officiers
36 officiers
    127 officiers
823 officiers

9 954 hommes
492 hommes
639 hommes
                        
11 085 hommes

1777. - En 1777, six places d'élèves furent créées dans chacune des sept écoles existantes, et la durée des cours fixée à deux ans. En outre, le nombre des capitaines en second était augmenté de deux par régiment, élevant l'effectif du Corps-Royal à 837 officiers.

1778. - Jusqu'en 1778, on n'avait eu dans l'artillerie d'autres troupes de réserve que quelques compagnies franches qui existaient encore dans les places fortes et qui pouvaient être requises par les gouverneurs de province. Comme nous l'avons vu, on renforçait dès l'entrée en campagne les bataillons d'artillerie par des milices ou des troupes d'infanterie désignées par le roi selon les besoins du corps.

Une ordonnance du 1er mars 1778, concernant les troupes provinciales, affecta au corps de l'artillerie les régiments provinciaux de Châlons, Valence, Verdun, Colmar, Dijon, Autun et Vesoul, chacun à deux bataillons de 710 hommes.

Ces troupes de milice royale, destinées à doubler en temps ,le guerre les formations d'artillerie de campagne abandonnèrent le nom de leur garnison d'attache pour prendre respectivement le nom de Régiment-Provincial d'artillerie de La Fère, Grenoble, Metz, Besançon, Strasbourg Toul et Auxonne.

Ces 9 940 hommes de nouvelles troupes portaient les effectifs de l’artillerie en France à plus de 21 000 hommes, non comprises les huit compagnies d'invalides de l'artillerie et les compagnies de canonniers gardes-côtes.

Cette organisation générale de l'artillerie subsista jusqu'en mars 1791.

1784. - Jusqu'en 1770, on avait envoyé des détachements du Corps-Royal faire le service dans les colonies. En 1770, le ministre de la marine créa, et développa ensuite, un certain nombre de compagnie d'artillerie dans les Indes-Orientales, les Antilles, la Guyane et le Sénégal. Le nombre de ces compagnies s'élevait à treize en 1784. La guerre survenue en 1778 avait obligé à envoyer en outre dans diverses colonies 12 compagnies du régiment de Metz, 5 de celui de Besançon, 1 compagnie d'ouvriers et 1 de mineurs, et le deuxième bataillon du régiment d'Auxonne était allé prendre part à la guerre des États-Unis.

A la paix, sur la demande du ministre de la marine, Gribeauval établit un projet d'organisation d'un corps d'artillerie coloniale, et le 24 octobre 1784 parut une ordonnance portant création du Corps-Royal de l'artillerie et des colonies.

Ce corps était composé de 5 brigades. Chacune de ces brigades comprenait 4 compagnies de 5 officiers et 88 hommes. Ce nouveau corps fut formé à l'aide de 542 hommes tirés du Corps-Royal, dans lequel furent pris aussi presque tous les officiers. L'état-major comprenait 1 inspecteur général, 1 colonel, 4 lieutenants-colonels dont l'un directeur de l'arsenal des colonies, 5 chefs de brigade, & major, 3 aides-majors, 1 quartier-maître trésorier et 1 tambour major.

Deux nouvelles compagnies d'ouvriers furent formées, comprenant chacune 4 officiers et 73 hommes et affectées à ce nouveau corps. Une troisième fut créée en 1786.

En plus du personnel dont nous venons de parler, il existait dans l'artillerie en 1781 :

Pour les écoles : des professeurs d'arithmétique, des répétiteurs, des maîtres de dessin, des conducteurs de charrois, des artificiers.

Pour les places : des gardes-magasins.

Pour les arsenaux de construction : des chefs d'ouvriers d'état ordinaires de l'artillerie, et des ouvriers d'état de première, seconde et troisième classe.

Table des matières
Le personnel de l'artillerie pendant les dernières années du règne de Louis XIV
Personnel de l'artillerie, de Vallière à Gribeauval (1720-1765)
Le personnel de l’artillerie, de Gribeauval à la Révolution
Etat du personnel de l’artillerie en 1789
Chapitre II : Le matériel - Chapitre III : Emploi de l’artillerie sur les champs de bataille

§ 4 - État du personnel de l'artillerie en 1789

Généralités - Etat des officiers du Corps-Royal de l’artillerie - Troupes du Corps-Royal

Les nombreuses transformations de l'artillerie au cours du dix-huitième siècle rendent plus surprenante ensuite la stabilité relative de ce corps, au milieu des modifications multiples apportées par les guerres de la .Révolution à toutes les autres parties de l'armée en France. Gribeauval n'a plus laissé, en effet, qu'à compléter son oeuvre par la création de l'artillerie à cheval (prévue d'ailleurs avant 1789) et la militarisation des conducteurs de charrois.

Au témoignage de nombreux contemporains, l'artillerie française était, en 1789, la première de l'Europe (22). L'organisation définitive donnée à cette arme, en 1776, était l'oeuvre d'un homme expérimenté et le fruit de nombreuses études. Mais à côté d'une organisation matérielle parfaite, il faut signaler aussi l'excellent esprit des officiers du Corps-Royal. Par suite d'un recrutement en quelque sorte plus démocratique, et par suite aussi d'un système d'avancement où la faveur ne pouvait jouer qu'un faible rôle, les officiers d'artillerie se montrèrent réfractaires aux idées d'émigration, et le succès de Valmy, qui inaugura l'ère nouvelle, doit être attribué aussi bien à la canonnade vigoureuse dirigée par nos artilleurs solides et instruits, qu'à l'énergie de Kellermann et de ses jeunes troupes.

Recrutement des officiers. - Les officiers d'artillerie sortaient des écoles de l'arme, ou du corps des cadets-gentilshommes, ou provenaient des bas-officiers.

Les élèves des écoles d'artillerie étaient admis à la suite d'un concours. Ils devaient être âgés de quatorze uns au moins s'ils étaient fils, petits-fils ou frères d'officiers d'artillerie, de quinze ans dans les autres cas : ces derniers devaient en outre produire un certificat signé de quatre gentilshommes et de l'intendant de leur province pour constater qu'ils étaient nés dans l'état de noblesse. Le séjour à l'école était de deux ans. A la suite d'un examen de sortie, ils étaient nommé lieutenants en second ou renvoyés à leur famille, suivant leurs notes (23).

Les lieutenants en troisième provenaient des bas-officiers; ils étaient désignés de la façon suivante : les cinq chefs de brigade, la major et le lieutenant-colonel réunis, formaient, à la pluralité des voix, une liste de trois sujets non mariés, propres à remplir la place vacante. Ces propositions étaient transmises, avec l'avis de chacun, en suivant la voie hiérarchique (colonel, commandant d'école, inspecteur général et premier inspecteur) au secrétaire d'État à la guerre, qui faisait ensuite la nomination.

Les prescriptions de l'ordonnance du 22 mai 1781 exigeant les quatre quartiers de noblesse pour l'infanterie et la cavalerie ne furent pas étendues à l'artillerie. Le corps des officiers de cette arme louvait donc se recruter parmi la petite noblesse et même dans la roture, par suite de la simple condition de parenté avec un ancien officier d'artillerie (24). Aussi trouve-t-on, dans les états militaires du Corps-Royal au dix-huitième siècle, un grand nombre de noms roturiers.

Avancement des officiers. - L'avancement des officiers d'artillerie avait été réglé par l'ordonnance du 3 novembre 1776 : il devait. être accordé « aux mérites et aux talents de préférence à l'ancienneté ».

L'avancement des colonels, lieutenants-colonels, majors et chefs de brigade se faisait exclusivement au choix. Celui des capitaines en premier, 3/5 au choix, 2/5 à l’ancienneté, enfin celui des capitaines en second, lieutenants en premier et en second, 1/3 au chois, 2/3 à l'ancienneté. Seuls, les lieutenants en troisième ne pouvaient passer lieutenants en second, mais ils jouissaient d'une solde supérieure à ceux-ci. Ils pouvaient cependant arriver aide-major ou quartier-maître trésorier avec rang de lieutenant en premier.

Tous les ans, le commandant de l'école assemblait une sorte de conseil de régiment composé de tous les officiers supérieurs qui établissait, à la pluralité des voix, une liste de trois capitaines en premier, trois capitaines en second, trois lieutenants en premier et trois lieutenants en second. Ces propositions, avec avis motivés, étaient ensuite transmises à l'inspecteur, puis au premier inspecteur, qui les remettait au secrétaire d'État à la guerre.

Les instructions du roi recommandaient aux inspecteurs d'artillerie d'interroger eux-mêmes les officiers sur toutes les matières de l'enseignement professionnel, pour établir leurs notes en parfaite connaissance de cause.

L'avancement des officiers était très lent (25). Aussi, des brevets du grade supérieur étaient-ils accordés aux plus anciens officiers, dans chaque grade, après un certain nombre d'années d'ancienneté.

Recrutement des hommes de troupe. - Le recrutement des hommes du Régiment-Royal avait été enlevé, au milieu du dix-huitième siècle, aux capitaines et avait été assuré par les soins du pouvoir royal (à l'exception des recrues des compagnies d'ouvriers). En 1789, les règles du recrutement étaient les suivantes (26)

Tout officier allant en congé de semestre devait ramener deux recrues (si les besoins du corps exigeaient ce chiffre) à son retour; tout bas-officier ou soldat allant en congé devait également ramener un engagé. L'engagement était de huit ans, pour lesquels il était accordé une prime de 40 livres et un pourboire atteignant au maximum 40 livres. La taille était fixée à 5 pieds 4 pouces; l'âge limité entre seize et trente-cinq ans (quarante en temps de guerre). La solde était de 6 sous 10 deniers par jour (10 sous 2 deniers dans les compagnies d'ouvriers).

Au bout de six ans de présence, le soldat pouvait contracter un rengagement de huit ans, entraînant une prime de 30 livres, ou de quatre ans avec une prime de 15 livres. Cette prime se touchait au commencement du rengagement.

Avancement des bas-officiers. - L'avancement des bas-officiers se faisait d'après les mêmes principes qu'en 1759, tout en donnant une moins grande importance au vote des futurs égaux de l'intéressé. Les listes de proposition étaient établies à la pluralité des voix par des commissions composées : pour un sergent-major, du plus ancien capitaine en premier et de tous les lieutenants en troisième du bataillon ; pour sergent et pour caporal, du lieutenant en troisième, du sergent-major et des deux plus anciens sergents de la compagnie intéressée, des sergents-majors et du plus ancien sergent de chacune des autres compagnies du bataillon.

Ces listes de proposition, après avoir été transmises au capitaine, qui opérait une première sélection, suivaient la voie hiérarchique jusqu'au colonel, qui faisait la nomination.

L'avancement à tous les échelons reposait donc sur un principe électif, entouré, il est vrai, de nombreuses garanties. Les excès et les abus que ce système favorisa plus tard, pendant les guerres de la Révolution, obligèrent à y renoncer, mais il est juste de remarquer qu'il semble avoir fonctionné sans gros inconvénients pendant un demi-siècle.

Le personnel (officiers et soldats) des différents services de l'artillerie, des écoles, des régiments, des compagnies de mineurs et d'ouvriers était organisé en 1789 de la façon suivante (27) :

Généralités - Etat des officiers du Corps-Royal de l’artillerie - Troupes du Corps-Royal

a) OFFICIERS DU CORPS-ROYAL DE L'ARTILLERIE

Premier inspecteur. - De Gribeauval, à Paris.

Inspecteurs généraux. - Un par département d'artillerie ; ceux-ci étaient fixés au nombre de neuf : Flandre-Artois-Hainaut, Alsace-Franche-Comté, Guyenne-Aunis, Bretagne, Picardie-Normandie, Languedoc-Roussillon, Champagne-Evêchés-Lorraine, Bourgogne-Lyonnais, Provence-Corse.

Écoles. - Ces écoles remplissaient un double but : l'instruction des aspirants officiers et celle du personnel d'artillerie ; elles étaient au nombre de sept pour l'artillerie (dans les garnisons des régiments) et une pour les mineurs (à Verdun).

Elles étaient dirigées chacune par un commandant en chef du grade de maréchal de camp, assisté de deux ou trois capitaines en second.

En 1788, il y avait dans les écoles, y compris 1 colonel résidant auprès du premier inspecteur, 8 commandants en chef, 1 colonel et 15 capitaines en second. Le personnel de ces écoles comprenait en outre 1 professeur de mathématiques, 1 répétiteur de mathématiques et 1 professeur de dessin par école.

Directions. - Il y avait vingt-deux directions d'artillerie : La Fère, Douai, Lille, Valenciennes, Sedan, Metz, Landau, Strasbourg, Besançon, Auxonne, Grenoble, Toulon, Montpellier, Perpignan, Bordeaux, La Rochelle, Nantes, Brest, Caen, Le Havre, Dunkerque, Corse. Les onze dernières étaient appelées directions maritimes.

A la tête de chacune de ces directions se trouvait un directeur du grade de colonel, avec les pouvoirs les plus étendus et les plus complexes : c'était en général parmi eux que l'on choisissait les inspecteurs généraux. A côté de chaque directeur se trouvait un sous-directeur (deux à Toulon) du grade de lieutenant-colonel et un certain nombre de majors, de capitaines (jusqu'à 8 par direction) et d'anciens garçons-majors.

En 1788, il y avait dans les diverses directions


Directeurs (colonels)
Sous-directeurs (lieutenants-colonels)
En résidence à une direction : lieutenants-colonels
Attachés aux directions : Capitaines
                                        Majors
                                        Anciens garçons-majors

Officiers
22   
23   
2   
82   
5   
   22   
156   

Arsenaux de construction. - Il y avait six arsenaux de construction établis à La Fère, Douai, Auxonne, Strasbourg, Metz et Nantes et commandés chacun par le directeur du département auquel ils appartenaient.

Sous les ordres du directeur, dans chaque arsenal, se trouvaient de 1 à 5 capitaines. En 1788, il y avait dans les arsenaux 18 capitaines, 3 anciens garçons-majors et 6 chefs d'ouvriers.

Il y avait à Paris un établissement appelé arsenal, qui fut pillé en 1789 et qui constituait simplement un dépôt de matériel, d'archives et de collections.

Manufactures. - La fabrication des armes à feu et des armes blanches était assurée par l'entreprise, sous la surveillance et le contrôle de l'artillerie. Les armes à feu étaient fabriquées à Charleville, Saint-Étienne et Maubeuge, les armes blanches à Klingenthal.

A la tête de tous les établissements se trouvait un directeur des manufactures du rang de lieutenant-colonel. Dans chaque manufacture se trouvait un inspecteur, du rang de major ou de capitaine, et plusieurs capitaines. Les officiers attachés aux manufactures étaient, en 1788, au nombre de 18, ainsi répartis :

Lieutenant-colonel
Majors
Capitaines

Ancien garçon-major

  1 directeur des manufactures ;
  2 inspecteurs des manufactures ;
  2 inspecteurs des manufactures ;
12 attachés aux manufactures ;
  1
18 officiers

Forges d'artillerie. - Au nombre de trois : Franche-Comté, Champagne, Évêchés et Lorraine. Le directeur général des forges avait rang de major. A la tète de chaque forge se trouvait un directeur du rang de capitaine et un certain nombre de capitaines. En 1788, le personnel étuis ainsi composé

Major
Capitaines
Ancien garçon-major

    1
  13
    1
  15 officiers

Fonderies de l'artillerie. - Le nombre des fonderies était réduit à deux, Douai (1 major, inspecteur des fonderies, et 1 capitaine), Strasbourg (1 major, inspecteur des fonderies, et 2 capitaines). Il y avait en outre 1 directeur général des fontes à Strasbourg et 1 commissaire des fontes à Douai.

Officiers employés à la visite des armes. - 1 colonel, 10 capitaines.

Officiers employés à l'édition des tables et dessins des constructions d'attirails pour l'artillerie. - 2 capitaines, 1 commissaire des guerres.

Officiers employés dans les corps de troupe. - Régiments d'artillerie. - Au nombre de sept, comprenant, en 1788, 717 officiers.

Corps des mineurs. - Six compagnies de mineurs en garnison à Verdun. Un commandant de compagnie, du grade de maréchal de camp, avait le commandement du corps des mineurs. Il était secondé par un aide-major. Les autres commandants de compagnie avaient le grade de chefs de brigade ou de capitaine en premier.

Le cadre des compagnies de mineurs était au complet en 1788 et comprenait :

Capitaines en premier (dont 1 maréchal de camp
    et 3 chefs de brigade)
Capitaines en second
Lieutenants en premier
Lieutenants en second
Lieutenants en troisième


    6
    6
    6
    6
    6
  30 officiers

Compagnies d'ouvriers. - Au nombre de neuf : 2 à Metz, 2 à Strasbourg, 1 ½ à Douai, ½ à Cherbourg, 1 à Nantes, 1 à Auxonne, 1 à La Fère :

Capitaines en premier
Capitaines en second
Lieutenants en premier
Lieutenants en troisième

   9
   9
   9
   9
 36 officiers

Régiments provinciaux. - Au nombre de sept, portant le nom du Régiment-Royal auquel ils étaient rattachés. L'état des officiers comprenait, en 1788, 7 colonels, 7 lieutenants-colonels, 7 majors et, 60 capitaines, correspondant aux officiers de réserve d'aujourd'hui.

Personnel secondaire de l'artillerie. - 2 conducteurs de charrois par école, 12 artificiers, 188 gardes-magasins.

En résumé, le personnel des officiers d'artillerie comprenait, en 1788, 976 officiers ainsi répartis


Lieutenant-général, premier inspecteur
Maréchaux de camp, inspecteurs généraux
Maréchaux de camp, commandants des écoles,
    commandants des régiments, directeurs, etc.
Colonels
Lieutenants-colonels
Majors ou chefs de brigade
Capitaines
Lieutenants en premier et en second
Lieutenants en troisième
Sous-lieutenants

Officiers
       1
       9

     21
     18
     34
     56
   371
   237
   115
   114
   976 (28)

Les effectifs donnés par l'Etat militaire de l'artillerie en 1788, pour chaque grade, sont en désaccord avec les effectifs théoriques fixés par l'ordonnance de 1776. L'écart provient de ce que, en vue d'améliorer la position des officiers d'artillerie, dont l'avancement était très lent, un certain nombre de ceux-ci dans chaque grade, tout en gardant leur commandement, jouissaient du brevet du grade immédiatement supérieur.

Généralités - Etat des officiers du Corps-Royal de l’artillerie - Troupes du Corps-Royal

b) TROUPES DU CORPS‑ROYAL

Les troupes du Corps-Royal comprenaient, en 1789, les effectifs théoriques suivants :

7 régiments à 20 compagnies de 71 hommes
6 compagnies de mineurs à 82 hommes
9 compagnies d'ouvriers à 71 hommes

  9 040
     492
     639   
11 071 hommes (29)

Les régiments provinciaux donnaient un appoint de 9 940 hommes. Le Corps-Royal de l'artillerie et des colonies comptait 115 officiers et 1 760 hommes ; huit compagnies d'ouvriers de ce corps ajoutaient 12 officiers et 219 hommes au total précédent.

Enfin, huit compagnies d'invalides de l'artillerie portaient l'effectif total de toutes les troupes d'artillerie à 1 200 officiers et 23 000 hommes environ (30).

Uniforme. - A la fin du règne de Louis XVI, l'uniforme de l'artillerie était le suivant : habit bleu ; revers, collet, veste, culotte et contre-épaulettes en drap bleu ; parements, doublure et passepoil écarlates ; boutons jaunes.

Les différents grades se reconnaissaient à l'épaulette.

L'uniforme des régiments provinciaux était blanc avec collet et parements bleus de roi ; boutons blancs (31).

Drapeau. - L'artillerie avait deux drapeaux : l'un blanc, l'autre gorge de pigeon et aurore par opposition, l'un et l'autre traversés d'une croix blanche semée de fleurs de lis sans nombre ; la hampe était azur, semée de fleurs de lis d'or.

Table des matières
Le personnel de l'artillerie pendant les dernières années du règne de Louis XIV
Personnel de l'artillerie, de Vallière à Gribeauval (1720-1765)
Le personnel de l’artillerie, de Gribeauval à la Révolution
Etat du personnel de l’artillerie en 1789
Chapitre II : Le matériel - Chapitre III : Emploi de l’artillerie sur les champs de bataille

Note 01  : DE MAUNY, Le Corps de l'artillerie de France. (Revue d'Artillerie, t. 46, p. 289.)

Note 02  : De Vallière (Jean-Florent), né à Paris le 7 décembre 1667, entra en 1685 dans les cadets d'artillerie. Nommé commissaire extraordinaire en 1688, commissaire ordinaire en 1692, il s'occupa beaucoup de l'étude de la poudre et de ses effets. Devenu capitaine des mineurs en 1699, il assista à de nombreux sièges et batailles en Flandre et en Italie et fut plusieurs fois blessé. Brigadier des armées du roi après le siège d'Aire, maréchal de camp en 1719, il devint directeur général de l'artillerie. en 1720, membre de l'Académie des sciences en 1731. commanda plusieurs fois les équipages de campagne dans les guerres du milieu du dix-huitième siècle. Il mourut en 1759.

Son fils, de Vallière (Joseph-Florent), né à Paris en 1717, succéda à son père comme directeur général de l'artillerie et du génie en 1755, et mourut le 6 janvier 1776.

Note 03  : Ile-de-France, Picardie, Flandre-Hainaut-Boulonnais et Soissonais, Trois-Évêchés et Lorraine, Champagne, Alsace-Bourgogne, Dauphiné-Provence, Lvonnais et Beaujolais, Roussillon et Languedoc, Guyenne-Gascogne Aunis, Bretagne, Touraine-Anjou-Maine, Normandie.

Note 04  : Les bataillons portaient alors les noms de : Soucy, Bourqueseelden, La Motte, de Chabrié, Ménonville.

Note 05  : Les cinq compagnies de mineurs s'appelaient : Boule, Douville, Châteaufer, Gribeauval, Rouyer

Note 06  : Les cinq compagnies d'ouvriers s'appelaient : Thomassin, Guille, Saint-Vallier, Boileau, La Mortière

Note 07  : Ceux-ci, au nombre de trois cents, avaient rang de lieutenant d'infanterie Ceux qui se distinguaient recevaient des commissions de capitaine, des commissions de lieutenant-colonel réformé et de colonel réformé. Ils n'avaient pas droit au commandement.

Note 08 : Le commissaire général fut supprimé plus tard et les onze commissaires, portés à quinze en 1765, remis à onze en 1772, furent portés de nouveau à quinze en 1774 et à seize en 1783.

Note 09  : Ces brigades prirent le nom de leurs chefs : Mouy, d'Inviliers, de Chabrié, de la Pelletrie, de Bausire, Loyauté.

Note 10  : Marseille, Lyon, Strasbourg, Perpignan, Caen, Dunkerque, Saint-Omer, Givet, Douai, La Fère, Nantes, Sedan, Bordeaux, Valenciennes, Lille, Metz, Landau, Montpellier, Huningue, La Rochelle, Auxonne, Nancy.

Note 11  : DE MAUNY, loc. cit., p. 576.

Note 12 : Gribeauval (Jean-Baptiste Vaquette de) était né à Amiens le 15 septembre 1715. Entré comme volontaire en 1732 dans une école royale d'artillerie, il fut nommé officier pointeur en 1735. Commissaire extraordinaire en 1743, commissaire ordinaire en 1747, il devint commandant d'une compagnie dans le corps des mineurs. Chargé par le comte d'Argenson d'aller examiner le système d'artillerie légère attaché à l'infanterie prussienne, Gribeauval fit à son retour un rapport sur l'objet de sa mission ainsi que sur les places fortes qu'il avait visitées et sur celles des frontières.

En 1757 il passa comme lieutenant-colonel au service de l'Autriche. Le comte de Broglie, ambassadeur de France à Vienne, le fit nommer général de bataille, commandant le génie, l'artillerie et les mineurs. C'est en cette qualité, qu'il dirigea les opérations du siège qui aboutirent à la prise de Gratz, en Silésie. Assiégé dans Schweidnitz en 1762 par Tauenzien et l'armée de Frédéric II, il tint trois mois dans cette place délabrée, contre tous les efforts de l'assiégeant : l'explosion d'un magasin à poudre l'obligea à capituler. Prisonnier du roi de Prusse, celui-ci l'admit à sa table. Marie-Thérèse le nomma grand-croix de son ordre et feld-maréchal lieutenant.

Rappelé en France par le duc de Choiseul il fut nommé maréchal de camp en 1762, inspecteur d'artillerie en 1764, commandeur de l'ordre de Saint-Louis et lieutenant-général en 1765, grand-croix de l'ordre de Saint-Louis et premier inspecteur de l'artillerie en 1776.

Il travailla à la réorganisation de tous les services de l'artillerie et il est surtout devenu célèbre par la création d'un nouveau matériel qui fit toutes les guerres de la Révolution et de l'Empire.

Les résultats de ses travaux ont paru, sous le titre de Tables des constructions des principaux attirails de l'artillerie (1792, 3 vol. in-folio). Cet ouvrage, imprimé aux frais de l'État et tiré à 125 exemplaires seulement pour l'empêcher de tomber entre les mains des étrangers, est aujourd'hui devenu très rare. Un exemplaire s'est vendu, il y a quelques années, plus de 2000 fr. (1900).

Note 13 : Cette disposition était analogue à celle prise en 1762 pour les régiments d'infanterie qui avaient porté jusque-là le nom de leur colonel, afin de cette nouvelle manière « d'assurer la connaissance et la mémoire de leurs actions. »

Note 14 : Les troupes du Corps-Royal ne devant pas pouvoir servir ensemble mais par compagnies attachées aux brigades d'infanterie ou aux divisions de pièces de réserve, on a trouvé nécessaire de mettre à la tète des quatre compagnies formant une brigade, un officier supérieur pour les commander en chef en cas de détachement, ainsi que pour instruire et former les officiers et soldats desdites compagnies aux différents exercices de l'artillerie qui sont trop compliqués pour que ces instructions puissent se donner à un grand nombre. » (Mémoire présenté par Gribeauval en 1764 archives de l'artillerie, carton I-a-I.).

Note 15 : Gribeauval s'opposait à ce que les mineurs fussent donnés au corps du génie, disant que : « Ce serait surtout aux dépens de l'esprit militaire qui est plus essentiel de conserver dans ce corps que dans tout autre, à cause de ce que le service a de désagréable et de rebutant. » (Archives de l'artillerie, carton I-a-I.)

Note 16 : Chapitre 2.

Note 17 : « On voit qu'on ne peut exiger davantage d'un capitaine, dit Gribeauval, que de soigner 8 pièces réparties sur 4 bataillons ; celui qui sera chargé des pièces de réserve aura à soigner, outre sa compagnie, environ 20 miliciens, 60charretiers et 120 ou 130 chevaux, les charretiers et chevaux à contenir, les hommes à diriger ; les manoeuvres différentes pour chacun d'eux exigent beaucoup plus d'attention et de peine qu'il n'en faudrait pour commander une troupe quatre foi, plus nombreuse qui devrait avoir de l'ensemble dans la manœuvre. » (Archives de l'artillerie carton I‑a‑I.)

Note 18 : L'Etat militaire du corps d'artillerie en 1772 s'exprime ainsi au sujet de l'avancement des officiers : « L'avancement est long dans ce corps, et par sa nouvelle constitution il est presque impossible que les derniers lieutenants en second parviennent aux grades supérieurs. Ce qu'il faut savoir pour être admis dans le Corps-Royal, les épreuves des différents noviciats par lesquels il faut passer, fait qu'il est rare de pouvoir y rentrer avant dix-huit ans : c'est à cet âge que maintenant on est reçu à la queue de près de 450 lieutenants ; on entre dans un des régiments on roule pour obtenir une compagnie dans ce seul régiment, tandis qu'on roule sur les grades pour tout. le corps. Chaque officier est assujetti de cette manière à un double mouvement. Celui qui le porte aux grades supérieurs embrasse tous les officiers du Corps-Royal, celui qui lui donne une compagnie ne meut que le régiment auquel il est attaché : ainsi on devient capitaine, major, lieutenant-colonel, colonel, etc., suivant l'ordre du tableau et le rang qu'on y tient ; mais on n'a de compagnie que lorsqu'on est devenu le premier lieutenant de son régiment., puis le premier capitaine en second en résidence.

Note 19 : Le lieutenant-général de Monteynard avait remplacé Choiseul en 1770.

Note 20 : Les sept départements généraux étaient :

Le département de Flandre, Hainaut, Artois, Picardie, Soissonnais et Boulonnais ;

Le département des Evêchés et de Lorraine ;

Le département de l'Alsace et de la Comté ;

Le département du Dauphiné, de la Provence et. de la Corse ;

Le département du Languedoc et glu Roussillon ;

Le département de la Guyenne et du pays d'Aunis ;

Le département de la Bretagne et de la Normandie.

Note 21 : Le premier inspecteur général fut le lieutenant-général de Gribeauval (1777-1789).Il fut nommé le 18 décembre 1776, avec mission de « mettre l'ensemble et l'uniformité tant dans le service et l'instruction des troupes dudit corps que dans les constructions qui se feront dans les arsenaux, fonderies, forges et manufactures. » Il était l’intermédiaire obligé entre le ministre et le corps de l'artillerie.

Note 22 :  Cf. Rouquerol, L'artillerie au début de la Révolution (Revue d'artillerie, t. 48, 441).

Note 23 : Ordonnance royale du 8 avril 1779.

Note 24 : Fils d'un lieutenant en troisième par exemple.

Note 25 : Voir supra, p. 27, n. 2.

Note 26 : Ordonnance du 3 novembre 1776.

Note 27 : Les renseignements suivants sont extraits de l'Etat militaire du corps de l'artillerie en 1788.

Note 28 : 909 (Etat-major, 212 ; corps de troupe, 697), d'après Rouquerol, loc.cit. (Revue d'artillerie, t. 48, p. 245).

Note 29 : 11 085 dans Rouquerol, loc. cit ; p. 245

Note 30 : 22000 dans Rouquerol, loc. cit ; p. 245

Note 31 : De Moltzheim. Esquisse historique de l'artillerie française, p. 32.