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Source : Grimoard - Lettres et mémoires choisi parmi les papiers originaux du Maréchal de Saxe - T.2, p.210

Le ROI au Maréchal DE SAXE.

Au Camp de Bouchout , le premier juin 1746.

Mon Cousin. Après avoir soumis pendant l'hiver la ville de Bruxelles à mon obéis­sance, je ne pouvois ouvrir cette campagne par une opération plus glorieuse pour mes armes, et plus utile pour l'affermissement de mes conquêtes, que le siège d'Anvers. La présence de mon armée a fait disparoître tous les obstacles que mes ennemis avoient employés pour en défendre les approches, ils ont été obligés d'abandonner successivement la Dille et la Nethe, et de chercher un asyle jusques sur la frontière de Hollande ; enfin la citadelle de cette ville, et les forts de l'Escaut qui en dépendent, viennent de se rendre à mon Cousin le Comte de Cler­mont, après six jours de tranchée ouverte. Par cette nouvelle conquête, que je dois principalement à votre zèle, à votre fer­meté, et à votre expérience, je me trouve maître de tout le Brabant, et j'ai lieu d'espérer que mes ennemis, reconnoissant de plus en plus la main qui me protège, se porteront enfin à accepter des conditions qui puissent procurer le rétablissement de la paix, que je ne cesse de leur offrir, en atten­dant que la divine Providence consomme un ouvrage dont elle a préparé les voies par les heureux succès qu'il lui a plu d'accor­der à la justice de mes armes ; je vous fais cette lettre, pour vous dire, qu'en action de graces de ses bienfaits, et pour lui en demander la continuation, j'écris aux Ar­chevêques et Evêques de mon royaume de faire chanter le Te Deum dans les églises de leur diocèse, et je vous fais cette lettre, pour vous dire, que mon intention est qu'il en soit usé de même dans mon armée, que vous commandez, que vous y assistiez avec les Officiers de ladite armée, que vous en fassiez tirer le canon et la mousqueterie, et que vous teniez la main à ce que cette cé­rémonie se fasse, tant dans ladite armée, que dans toute l'étendue de votre comman­dement, avec toutes les marques de réjouis­sances publiques usitées en pareil cas : sur ce je prie Dieu qu'il vous ait, mon Cousin, en sa sainte et digne garde.

Signé LOUIS.
Et plus bas, D'ARGENSON.

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