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Source : Grimoard - Lettres et mémoires choisi parmi les papiers originaux du Maréchal de Saxe - T.3, p.27

Le Maréchal DE SAXE au Comte D'ARGENSON.

Du 10 ou 11 août 1746.

J'ai songé, Monsieur, à me défaire d'un nombre de hussards et de pandours, qui m'incommodoient sur mes derrières, entre Wavre et mon camp. M. Micault est placé à Wavre ; au moyen des postes qu'il a établis le long de la Dille, nous communiquons avec Louvain, de manière qu'il n'y a à découvert que de Wavre ici. Pour empêcher les hussards de se placer dans cette partie, et leur ôter l'envie de s'y établir, j'ai fait hier deux détachemens l'un de 3000 hommes du corps de M. de Lowendal composé d'infanterie, cavalerie et hussards, aux ordres de M. d'Armentières ; et l'autre du corps de M. le Comte de Clermont, composé de 2000 hommes, infanterie, hussards et dragons, aux ordres de M. de Froulay. Je vous envoie copie de la lettre que j'ai écrite à ce sujet à M. de Lowendal, par laquelle vous verrez que j'avois pris la précaution de disposer la marche de ces deux corps, de manière à être à portée l'un de l'autre pour se joindre au cas que l'un des deux fût attaqué, lesquels deux corps réunis, composoient une petite armée, et bien m'en a pris, comme vous le verrez par la lettre ci-jointe de M. d'Armentières. Il n'est guère possible de faire plus mal que les dragons ont fait, et malheureusement ce n'est pas la première fois ; des Officiers présens à l'affaire m'ont assuré qu'ils n'avoient, (ce que M. d'Armentières a vu, pouvoit être plus considérable, et n'a eu aucune part au combat,) pas vu plus de 400 hussards, ce qui m'a été confirmé par les prisonniers ; ils avoient en outre deux compagnies franches et quelques Croates, sur lesquels les la Morlière avoient fait déjà main-basse avant que le corps de M. de Froulay se fût joint à celui de M. d'Armentières. L'on m'a assuré qu'il n'y avoit pas eu douze coups de tirés, lorsque les dragons ont lâché pied, et ont passe sur le corps de notre infanterie. M. de Castelane, Colonel du régiment d'Eu, a été foulé par leurs chevaux et fort maltraité. Il est revenu plus de 150 dragons au camp de M. de Clermont de l'endroit où s'est passe cette affaire, qui en est à une lieue et demie, parmi lesquels il n'y a pas vingt blessés ; les hussards de Berchini, ayant d'abord poussé ceux des ennemis, ont été ramenés, et les dragons, au-lieu de les soutenir, se sont culbutés sur l'infanterie. Sansai a été fait prisonnier, et on le dit blessé ; en tout, je crois que nous n'avons pas perdu 20 hommes à cette affaire.

Je me suis porté, aussitôt que j'en ai été informé, au corps de M. de Clermont, d'où j'ai envoyé ordre à MM. d'Armentières et de Froulay, de poursuivre leur marche ; mais de la raccourcir en embrassant un moindre terrain, pour être plus à portée d'eux. Si je les avois fait revenir au camp, cela auroit eu l'air d'un détachement battu.

Si l'on ne songe pas à prendre des moyens efficaces, pour rendre messieurs les dragons solides, il n'y aura plus de moyen à les envoyer à la guerre, et je crois qu'on ne peut pas faire des détachemens plus forts que celui-ci l'est, ni avec plus de précaution, sur-tout étant avec l'armée entre celle des ennemis et ces détachemens.

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