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Source : Grimoard - Lettres et mémoires choisi parmi les papiers originaux du Maréchal de Saxe - T.3, p.30

Le Comte DE CLERMONT au Maréchal DE SAXE.

Au Camp le Saint-Paul, le 10 ou 11 août 1746.

Etant bien sûr, M. le Maréchal, que l'avis que j'avois eu, qu'il y avoit un poste alternativement d'hussards ou de compagnies franches à l'Abbaye de Ramé, j'y ai envoyé cette nuit M. de Saint-Cire avec 150 Grassins à pied. Arrivé à l'Abbay , il a été découvert par des vedettes d'hussards, qui lui ont crié wer da ? et ensuite se sont enfuis du côté de leur poste, qui en a fait de même. M. de Saint-Cire a tourné autour de l'Abbaye, il n'y a plus trouvé personne, et après s'en est revenu ; il résulte toujours un petit avantage de ce détachement, c'est de faire voir à l'ennemi que quand il s'approche trop près de nous, et trop de suite, il court risque d'essuyer quelque algarade.

M. de Baronnai est campé au Mont-Saint-André avec un corps de 5 à 6000 hommes ; l'émissaire qui a vu son camp, a rencontré 300 hussards dans les bois près de Chaumont, quelques autres près de Judoigne et à Dongleberg : il dit que M. Trips a rejoint l'armée ennemie avec le corps de troupes qui est à ses ordres.

On lui a assuré que la plus grande partie des gros bagages des ennemis a été envoyée à maestricht, et que le bruit général est que l'armée restera dans la position où elle est, tant que celle de France restera dans la sienne.

Un autre émissaire rapporte que le corps de M. de Baronnai a un poste de 100 hommes de compagnies franches et 25 hussards au Petit-Rosier, village près du Mont-Saint-André, au Grand-Rosier 15 hussards, en avant de ce village 100 hussards, près de Noville-sur-Mehaigne 130 hussards, et que depuis Bonef jusqu'à Pervelz, il y a une chaine d'hussards, pandours ou de compagnies franches ; qu'il y a un corps de 1600 hommes proche Noville, et entre Asche et Ernut un autre corps à-peu-près de même force.

La position de M. de Baronnai, et de ces postes, n'est pas assez importante pour vous en interrompre, si ce n'étoit que peut-être y aurait-il quelque projet de fourager dans les villages qui sont entre nous, Judoigne et le Mont-Saint-André, lesquels exigeroient attention et quantité de troupes pour les faire, tant que M. de Baronnai restera dans la position où il est.

Un antre émissaire dit, que des Officiers de l'armée ennemie, qui étoient venus avant-hier à l'abbaye de Ramé, dirent qu'ils avoient entendu dire à M. le Prince Charles, qu'il lui étoit aussi impossible de nous attaquer à présent, que de rester long-temps dans la position où il est ; ils ajoutèrent, que leur armée devoit faire un mouvement, mais qu'on ne disoit pas encore où elle se porteroit ; qu'en faisant ce mouvement, on laisseroit un corps à portée de se jetter dans Namur.

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