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Source :
SHAT - Archives du génie, article 15, section 1, paragraphe 4, carton
1, pièce 10.
Relation de l'attaque de Dingelfing sur l'Iser par l'ennemi et destruction des ponts fur cette rivière
Straubing ce 18 may 1743
Le 17: may a 10: heures du matin, le Pce Charles parut avec fon armée auprès de Dingelfing, et fit une disposition pour le faire attaquer. Il commença par faire sommer M. le Mis du Chatelet, qui estoit chargé de la defense de cette petite ville, de la rendre et sur le refus de M. Duchatelet, il fit attaquer l'ouvrage qui couvre la porte de Frontenhausen. C'est une redoute a deux faces ; l'ennemi si porta vigoureusement et fut repoussé demême. L'ennemi, qui n'avoit que quatre pieces de campagne et quelques obus, ne laissa pas de faire un grand feu de fon canon sur les ouvrages avancés et des obus sur laville ou ils jetterent tant de petites bombes chargées d'artifices qu'ils mirent le feu, d'abord aux maisons les plus près des portes et ensuitte dans differents endroits de la ville. Ce feu commença vers neuf heures du matin, et a midy ou une heure la plus grande partie de la ville ce trouva embrasée ; depuis midy, le feu de cette artillerie cessa, aparament pour laisser raffraichir les pieces, mais il recommença a deux heures après midy. Pendant toutes ces jntervales de tems il y eut un feu continuel de mousqueterie de nos petits ouvrages fur l'ennemy, qui de fon côté repondoit au nôtre par un feu plus considerable.
A deux heures, l'artillerie recommença son feu et l'ennemi fit fa disposition pour attaquer tous nos ouvrages en même tems. Ils les attaquerent à trois heures. Il y eut un grand feu depart et d'autre. L'ennemi fut toujours repoussé à la porte de Frontenhausen mais, toutes les maisons auprès de cette porte estant enflamées, les soldats ne purent plus y tenir, estant etouffés des flames et de la fumée. Ils prirent le parti de masquer cette porte et se retirerent ; il en arriva de même à la porte du Christ, du côté de Landau, qu'on fut obligé dabandonner pour les mêmes raisons mais nos foldats la masquerent aussi. L'ennemi, soutenu par le feu de toute leur armée, descendit dans les fossés et monta aux parapets que nos soldats ne purent deffendre longtems acause du grand feu de lennemi qui les protegeoit de dessus les hauteurs. Nos troupes se replierent avec grand ordre malgré le feu de l'ennemi et gagnerent louvrage a corne fur la droite du pont. Les troupes estoient dans cet ouvrage favoriserent par leur feu cette retraite. Les vnes et les autres furent obligées de repasser le pont par ce qu'elle alloient être coupées et la tête du pont prise par les ennemis qui venoient par la gauche, ou louvrage qui devoit la protêger n'estoit pas encore finy, ny ayant qu'un seul petit parapet. Il Estoit alors environ quatre heures et demie. L'ennemi doit avoir perdu a toutes ces attaques.
Nos troupes ayant repassés L'Jser et mis le feu aupont depilotis, rompirent celuy de radeaux, mais la riviere est si basse que les radeaux ne furent pas d'abord entrainés et il falut exposer beaucoup les troupes pour les mettre tous à flots. D'ailleurs le feu n'agissant que foiblement sur le pont depilotis, l'ennemi voulut l'eteindre. Nos troupes fy porterent et reussirent enfin à le rendre impraticable. Nos bataillons favorisoient ces manoeuvres par leur feu dubord de la riviere mais l'ennemi, qui occupoit les maisons d'un faubourg de lautre côté et qui n'avoit pas été brulé, firent un fi grand feu que c'est la que nous avons perdu le plus. Nous avions cependant quatre petittes pieces de canon fur le bord de la riviere, dont le feu à bien fait perdre du monde à Lennemi.
On ne fcait pas le nombre de foldats tués et blessés mais les officiers blessés venus jcy disent tous qu'il y à bien moins de foldats tués et blessés a proportion que d'officiers. L'ennemy doit avoir perdu considerablement.
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